Bande dessinée : une ode dédiée à la mère
Couverture de Ma Maman
« Mon souhait était que cette œuvre soit mon meilleur album, et aujourd’hui, c’est chose faite ». Cela fait cinq ans depuis que le dessinateur chinois Li Kunwu a commencé à créer son nouvel album sur l’enfance et l’adolescence de sa mère. Il a commencé ce projet peu après le décès de sa maman.
Né en 1955 à Kunming, dans le sud-ouest de Chine, six ans après la fondation de la République populaire de Chine, Li Kunwu a vécu presque tout le processus ayant conduit à la Chine Nouvelle.
En 2011, sa trilogie Une Vie chinoise est d’abord publié chez Dargaud (Kana) en français, puis traduit et publié dans 16 différentes langues. Cette série autobiographique a récolté un franc succès en Europe, notamment en France. Une occasion pour les Européens d’en savoir un peu plus sur la vie tourmentée des Chinois depuis sept décennies, au cours desquelles les Chinois ordinaires ont, dans leur quotidien, connus des hauts et des bas.
Dans sa dernière oeuvre intitulée Ma Maman, Li Kunwu rend un bel hommage à sa mère en racontant son histoire entrelacée à celle de la Chine d’entre les années 30 et 50. Une histoire que l’auteur a commencée puis mise de côté à cause du chagrin qu’il ressentait à chaque qu’il essayait de restituer les faits. Il a fallu à Li Kunwu d’aller puiser dans sa force mentale, pour avoir le courage nécessaire de terminer la rédaction du livre qu’il avait déjà commencée, livre considéré à juste titre comme l’autobiographie de sa mère.
Ayant recours à la mémoire de sa mère, aux récits des proches ainsi qu’à ses propres investigations, Li Kunwu n’a ménagé aucun effort pour décrire la petite fille qui s’appelait « Xinzhen », celle qui deviendra plus tard sa mère. « Son enfance était caractérisée par une vie à la fois pénible et tourmentée, mais elle était obstinée à l’écriture et à la lecture, en dépit d’une vie assez nomade due aux incessantes guerres, affirme l’auteur lors d’une interview accordée à CGTN Français. Pour lui, sa maman était une femme bienveillante, courageuse, tenace et très compréhensive vis-à-vis de tout le monde.
Li Kunwu rappelle encore que sa maman était aussi très douée et savait interpréter une grande partie du répertoire du folklore du Yunnan. « Elle m’impressionnait par ses talents artistiques », c’est ce dont Li Kunwu se souvient encore de sa maman.
Page intérieure de Ma Maman
De son côté, la mère de Li Kunwu était également la première à découvrir et à apprécier les talents de son fils. Issu d’une famille modeste, Li Kunwu n’a pourtant pas eu l’occasion de suivrela moindre formation en art ou en peinture. Son habilité en art est innée. Il a commencé à dessiner depuis tout petit, jusqu’à ce qu’il développa les attitudes de quelqu’un qui était prêt à réaliser tout un journal de bande dessinée, reprenant les activités quotidiennes.
« Elle m’encourageait beaucoup à dessiner. Même si elle ne comprenait pas vraiment la peinture, elle ne cesser d’afficher son intérêt et son souhait dans ce que je faisais. Quant à mon père, il est plutôt sévère envers ses enfants, il souhaitait que je m’orientais dans l’administration ou dans tout ce qui est juridique, des domaines valorisants », nous raconte-t-il. « Alors que ma mère persuadait souvent mon père sur mon choix de devenir artiste», rappelle Li Kunwu qui se dit reconnaissant aux efforts de sa mère, lesquels ont fait de lui, un grand artiste qu’il est aujourd’hui.
Dans Ma Maman, les lecteurs auront la sensation de retrouver un univers aussi particulier de l’auteur qui alterne, dans un même récit, style historique, documentaire et biographique. Lorsque l’intime et le collectif s’entrecroisent, là, rien n’est plus beau que ça. Des récits illustrés avec une dominante de noir, au fusain, et quelques pointes de couleur